L'Immense Voyage - Loren Eiseley |
MERCI, DOCTEUR EISELEY! par Louis Pauwels et Jacques Bergier
« Si l'existence tout entière n'est pas un instrument de révélation, il n'est pas de révélation particulière possible. » William Temple.
Si ce livre connaît le succès, ses éditeurs français trouveront de la vérité à l'adage selon lequel qui paye ses dettes s'enrichit. Mais disons plutôt que nous sommes bien contents de payer notre dette à l'œuvre de science, de foi et de poésie du docteur Loren Eiseley. Le dimanche, Bergier arrive chez moi, traînant une sacoche bourrée de journaux, de revues et de livres. En 1946, lorsque The Immense Journey fut publié à Londres, le grand petit homme auquel j'ai lié ma vie (nous célébrons cette année nos dix ans de mariage, et nous avons déjà beaucoup d'enfants) m'en lisait des pages, à l'heure du thé, de sa voix mécanique qui salue par des trébuchements le chant profond. Or, le chant profond jaillit sans cesse dans ce livre, et c'est à travers les mille ratés de ma chère et merveilleuse machine à lire que j'ai découvert cette lyrique méditation. Le style, chez Eiseley, coule de source, je m'en avisai plus tard. Ce n'est pas une figure, s'agissant d'une œuvre qui salue les eaux comme une mère divine. Mais on y voit l'océan remonter le fleuve, le fleuve inverser son cours, et la source, enfin, rendue explosive par cet immense reflux, fuser vers le haut, le ciel, l'infini. Rarement savant se servit de sa plume de manière aussi féerique.