LES ANNÉES PLANÈTE PAR JACQUES MOUSSEAU

"Les Années Planète", par Jacques Mousseau
"Planète, sans l’avoir cherché, était devenue rapidement, bien plus qu’une revue, un mouvement intellectuel et artistique. Convergeaient vers nos bureaux des êtres qui se demandaient auparavant : « Suis-je donc seul à penser et à sentir ainsi ? » Une communion de pensée et de sensibilité s’organisait en communauté agissante". Extraits de Orbs#4, Les Racines du Futur

Jacques Mousseau , Les années Planète

Au début des années 60, un livre a engendré par son immense succès une entreprise d’édition avec des revues, des collections, des manifestations culturelles. Jacques Bergier et Louis Pauwels avaient consacré six années à écrire Le Matin des magiciens, six années de week-ends laborieux et joyeux : l’un livrant ce que ses lectures, les bibliothèques, sa mémoire lui avaient révélé pendant la semaine, puis classant et argumentant ; l’autre interrogeant, inventoriant et rédigeant dans un style aiguisé. Le livre parut en octobre 1959 dans la prestigieuse collection blanche de Gallimard et devint en quelques semaines un formidable phénomène éditorial. Parce qu’il donnait à rêver en même temps qu’à penser, parce qu’il en appelait à la curiosité, à l’ouverture d’esprit, à l’imagination en même temps qu’à l’appétit de savoir. Il fut rapidement autant critiqué que loué car il pratiquait un mélange des genres qui choquait à l’époque, rapprochant la science et la poésie, la connaissance et le mystère, le certain et le possible. Le livre brisait des tabous et fut pour cela au centre de vives polémiques qui crispèrent les mandarins de l’université et attirèrent un immense public. Planète, sans l’avoir cherché, était devenue rapidement, bien plus qu’une revue, un mouvement intellectuel et artistique. Jacques Mousseau

Le Matin des Magiciens et la revue Planète

Les auteurs estimèrent qu’ils avaient des responsabilités à l’égard des dizaines de milliers de lecteurs, puis bientôt des centaines de milliers, qui avaient trouvé dans Le Matin des magiciens quelque chose – des questions ? des informations ? des échappées ? des audaces ? un style ? – qu’ils n’avaient auparavant rencontré nulle part ailleurs. Ce public avait soif. Pouvait-on, après avoir calmé sa soif, couper la source ? Ou fallait-il au contraire montrer que la source entrevue était cachée, sans doute, mais quelle était riche, qu’elle était intarissable. La revue Planète est née en octobre 1961, deux ans après la parution du livre, pour répondre aux exigences de ce qui était devenu « un phénomène de société ». Le premier numéro fut tiré, modestement et prudemment, à sept mille exemplaires et réimprimé huit fois. Dès le numéro 2 de Planète, il était devenu un objet rare recherché par les collectionneurs. En ce temps-là, l’édition ignorait les études de marché…" Découvrez l'intégralité de cet article dans Orbs #4